La fièvre est une maladie importante et critique car elle peut affecter tous les êtres vivants. Elle possède donc la première place dans les textes ayurvédiques puisqu’elle constitue le premier chapitre des maladies mais aussi des traitements.
Les origines de cette maladie sont divine et relèvent de la mythologie indienne : Shiva, par son souffle destructeur et chaud, au paroxysme de sa rage a donné naissance à la fièvre.
Cette maladie attaque toutes les personnes, de tous les âges, de toutes les conditions. il est dit que la fièvre, jvara est la reine de toutes maladies, la destructrice de toutes les créatures vivantes. L’homme vient au monde avec la fièvre et il meure avec elle. Son impact est le même sur le corps physique et l’esprit, il est même précisé que jvara peut causer d’autres maladies si elle n’est pas traitée correctement.
Etymologie : fièvre, fièvre de l’esprit, affliction, douleur mentale, douleur.
Expression physique de la fièvre ou jvara
Santapa, la hausse de la température du corps, elle constitue une manifestation spécifique de la fièvre pour l’Ayurveda.
Les signes avant coureurs indiquant l‘apparition prochaine d’une fièvre :
- La perte du goût dans la bouche,
- Une sensation de lourdeur dans les membres,
- Un rejet ou une aversion pour la nourriture,
- Les yeux congestionnés, le larmoiement,
- Une sensation d’inconfort,
- Des bâillements répétitifs,
- Des frissons,
- La fatigue (excessive et inhabituelle),
- Des vertiges,
- Le délire,
- Une sensation d’horripilation,
- Des sensations dans les dents,
- Une intolérance pour les sons très instables,
- Le froid, le vent, le soleil,
- L’anorexie,
- L’indigestion,
- Une forme de débilité ou faiblesse du corps,
- Des douleurs corporelles,
- Un malaise,
- Une perte de la vitalité,
- La léthargie, la lassitude,
- La personne ressent une attirance pour les goûts acides, salés, piquants.
Tous ces signes sont ceux que l‘on peut observer avant l‘apparition des signes et symptômes qui vont continuer à se manifester pendant la pathologie.
Cette « maladie » pour l’Ayurveda est elle la même chose qu’une fièvre classique pour le moderne ? Non, elle contient la pyrexie mais s’avère bien plus large.
la fièvre selon l’Ayurveda :
Comment se met elle en place ? Quel est le développement pathologique selon l’Ayurveda ?
Son lieu d’origine est l’estomac, elle affecte les canaux du premier tissu constitutif du corps physique assimilé au plasma.
C’est le dosha Vata qui se déplace dans le site de l’estomac et se mélange avec Agni (le principe du métabolisme central) pour générer des toxines ou Ama.
Pour apporter une obstruction des canaux de du plasma et de la sudation et enfin, supprimer agni, prendre la chaleur du feu digestif central et la répandre dans le corps.
La manifestation symptomatique va dépendre du dosha/ des dosha affectés.
Les effets de la fièvre ou éléments objectifs de symptomatique :
- la pyrexie,
- la perte d’appétit,
- la soif,
- les douleurs corporelles des membres,
- une sensation de détresse dans la région cardiaque.
Dans la classification ayurvédique on retrouve des fièvres à un dosha, par combinaison de deux, trois ou des fièvres causées par des facteurs exogènes, ou encore des fièvres au niveau des tissus constitutifs du corps ou intermittentes.
La fièvre induite par un déséquilibre mental se manifeste par :
- une confusion mentale, une absence de conscience,
- une non satisfaction, un mécontentement,
- un épuisement, une lassitude, une langueur.
La fièvre prend ou saisie la vie des personnes en causant des perturbations dans le corps, les organes des sens, l’esprit, elle diminue l’intellect, la force, la complexion, le plaisir, l’enthousiasme, elle produit de la fatigue, l’épuisement, la confusion, et la difficulté à s’alimenter.
Elle se nomme fièvre car elle provoque une diminution de la joie chez les personnes qui la contracte.
Aucune maladie n’est aussi sévère, compliquée et difficile à gérer. Il est dit que tous les individus naissent et meurent avec la fièvre.
Elle prend place en raison de la force ou de la saison, du jour ou de la nuit des dosha et des actions que chacun effectue.
Ligne de traitement de la fièvre selon l’Ayurveda :
Dans un premier temps le jeûne ou semi-jeûne est préconisé.
A l‘exception des fièvres nées suite à une déplétion importante des tissus du corps, une aggravation du dosha vayu (vent, éther), ou nées des émotions telles que la peur, la colère, la passion, la douleur et l’épuisement physique.
Le jeune va permettre une diminution des dosha agités et une stimulation du feu digestif central qui amènera une diminution des manifestations cliniques et une reprise de l’appétit.
Attention, car il est bien évident que ce « jeûne » n’est recommandé que dans la mesure ou il ne va pas contre la vitalité du corps.
Ensuite on procède à ce que l‘on nomme la digestion des dosha.
On commence par le jeune, la sudation pour rouvrir les canaux de sudations obstrués jusque là, le passage du temps, en effet il faut compter jusqu’à 8 jours pour cette étape, des soupes de riz médicalisées et des préparations au goût amer ce qui va permettre la digestion des toxines.
Pour ce qui concerne es boissons les fièvres relevant des doshas vata (vent, éther) et kapha (eau, terre) boiront de préférence de l‘eau chaude, celle de pitta pourront avoir de l‘eau froide. Quelle que soit la qualité de l’eau elle sera préparée avec des plantes amères qui stimuleront appétit et digestion et nettoieront es canaux de circulation des nutriments par la suite.
Un exemple classique commun reste shadanga paniya qui comprend 6 plantes dont le gingembre sec qui sera retiré en cas de dominante de pitta.
Ces préparations de soupes de riz (ou de blé) seront données sous une forme très liquide au début et jusqu’à 6 jours jusqu’à ce que les manifestations s’amenuisent. Parce que ces soupes sont chaudes et faciles à digérer, elles aident le corps à se remettre, à digérer les toxines et réactivent la transpiration, elles sont suffisamment nourrissantes pour qu’il n’y ait pas de perte de la vitalité du corps.
Attention car ces soupes sont à éviter dans les cas de fièvres liées à l’alcool ou l’alcoolisme en général, en plein été. Dans ces derniers cas on administre une farine de riz grillé (blé grillé) mélangé avec du miel, du sucre et le jus des fruits de propriétés antipyrétiques. Une fois digéré, on pourra passer à des soupes de haricots mungo ou de viande d’animaux sauvages.
Ce n’est qu’après le 6ieme jour avec la réapparition de la transpiration que l’on pourra administrer des décoctions digestives ou qui viennent pacifier les dosha.
Concernant le régime alimentaire, il reste léger jusqu’au 10ieme jour de la fièvre toujours plutôt liquide et sous forme de soupes de haricots mungo viandes, légumes.
Enfin à partir de cette période et si la fièvre n’est pas à dominante de kapha, on donnera du ghee à boire pour s’assurer que les dosha ont bien repris leur état de digestion compète et regagné leur place.
Quelques recommandations pour les fièvres nouvellement arrivée à moins de 7 jours i l convient d’éviter :
- dormir pendant la journée,
- le bain,
- les massages,
- la nourriture lourde à digérer,
- l‘acte sexuel,
- la colère,
- l’exposition au vent,
- l’exercice,
- et les préparations astringentes ou les décoctions.
Quelques plantes : sariva (Hemidismus indicus), majishta (rubia cordifolia), draksha (vitis vinifera), abhaya (terminalia chebula), amalaka (phyllanthus embilica), nagaradi kwatham, guduchyadi kwatham, parpataka kwatham, godanti bhasma, maha sudarshana churna,vyaghri kashayam.
Ce qu’il faut éviter en matière alimentaire :
La nourriture lourde, les yaourts, les petits pois, les lentilles, la nourriture crue, et toutes les farines raffinées. les plats froids sortis du frigo et qui y sont restés plus de 2 jours, tous les articles de pâtisserie et boulangerie à base de levures.
On l‘aura bien compris la fièvre est une maladie complexe pour l’Ayurveda et si elle n’est pas traitée correctement, elle donne lieu par la suite à des complications tells que les dyspnées, toux et autres désordres.
Bien évidemment cet article reste informatif, évitez l’auto- évaluation et l’auto-médication particulièrement dans le contexte actuel.
Traduit et adapté de Standard Treatment Guidelines AYUSH Ministry, Charaka samhita, Sushruta Samhita, Ashtanga Hridaya par Vd B Deschamps pour Heart of Ayurveda © tous droits réservés.
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Cet article ne se substitue pas à une consultation médicale, ni à une consultation ayurvédique, pensez à consulter.